Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/24

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telle jonglerie mensongère, penses que les mauvais officiers ne peuvent convenir au Prince sage, et serviteur déloyal désire maître igno-

    Alain qui tirait volontiers vanité de son savoir. Le poète retorque l’argument avec hauteur, Pourtant il est facile de voir, par la répétition rapprochée du mot bête, qu’il entend, à son tour, asséner de vigoureux coups à qui adoptait les façons de voir de son ancien rival. La Trémoille n’était plus aux affaires depuis cinq ans déjà ; ce n’étaient pas moins les insinuations dont il avait investi l’esprit de Charles qui contribuaient, sans doute, à maintenir ce prince sans cœur ni volonté dans sa décision première concernant Alain. On sait avec quelle facilité le Valois oubliait ses serviteurs, combien même il eût d’appréhension pour Richemont. Quoiqu’en 1438, celui-ci fût aux affaires, l’ordre intérieur de la Cour était aux mains d’intrigants qui s’inspiraient des maximes de La Trémoille. Le favoritisme était si peu définitivement disparu, qu’en 1439 il essaya de se relever. « La Cour, dit Henri Martin, était agitée par des mouvements intérieurs qu’on est réduit à deviner à travers le silence inintelligent des médiocres historiens de cette époque : le favoritisme avait essayé de se relever ; le duc de Bourbon et la plupart des autres princes et grands seigneurs, qui avaient gagné à la désorganisation de l’État une indépendance presque entière, entravaient tout ce qui tendait a rétablir l’ordre et à restaurer le pouvoir central. » Richemont, d’ailleurs, homme de guerre et caractère rude, devait être assez indifférent pour les lettres et les lettrés, et estimer que mieux valait l’épée que haut