Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/27

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vant au contraire, le livre de l’Espérance, Chartier témoigne d’une toute autre indépendance de jugement. Il ne se propose plus d’autre but que de discuter avec lui-même[1]. Qu’on lise quelques titres :

« Péché est cause primitive de l’institution des rois, et si tous étions justes, ne serait nécessaire prééminence de l’un sur l’autre.

Exhortation aux Princes de reconnaître que toute puissance vient de Dieu, qui est fondement radical de tout pouvoir[2].

  1. Chartier, cependant, était essentiellement auteur ; toujours il a souci d’un public. Ce souci le guinde et, précisément, dans le livre de l’Espérance, on sent parfois à une véhémence un peu décousue, à une phrase précipitée, que la sincérité de l’auteur est plus forte que son souci ordinaire de la tenue et de la cadence. Je ne connais que la complainte trépiteuse contre la mort de sa Dame où l’on puisse retrouver cette sincérité relativement dépouillée de littérature.
  2. Chartier ne fonde pas ici la royauté de droit divin. Son idée est opposée. Qu’on remarque aussi la maxime précédente : « Péché est cause primitive de l’institution des rois, et si tous étions justes, ne serait nécessaire prééminence de l’un sur l’autre. » Ces maximes ne sont pas personnelles à Chartier. Sous d’autres formes, elles eurent cours au moyen âge, bien avant lui, et l’on pour-