Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/31

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deux premiers titres que je cite plus haut le font pressentir. Chartier dirige évidemment contre lui tels nobles discours. Mais cet enseignement élait bien au-dessus des facultés du prince qui vit d’un œil bienveillant la reine, Marie d’Anjou, distribuer, à titre de gratification, des écus d’or aux filles joyeuses enrégimentées à la suite de la cour[1]. Qu’on lise l’apostrophe ci-après de la Foi, où se déroule la belle cadence ordinaire au style d’Alain Chartier, avec quelque chose de plus incisif, semble-t-il : « Ô Rois de la terre, qui séez en chaire tremblante et commandez par autorité décevable sur le peuple pervertible ! retenez cette leçon du Roi des cieux qui siet en trône perdurable, dont le royaume ne se peut changer, ne l’autorité contredire. Votre règne faut avec votre vie ; et le sien seigneurit sur la vie, et sur la mort de tous, et de toutes choses ![2] Vous

  1. Ce fut le 27 juin 1435 qu’eut lieu cette distribution. Voyez Henri Martin qui cite Yallet de Viriville (Notice sur Agnès Sorel).
  2. Il n’est pas une oreille un peu littéraire que ne séduise la belle ampleur de ce début qui rappelle le Bossuet des Oraisons funèbres. Remarquez la pureté éloquente de cette courte phrase et sa chute harmonieusement sonore : « Votre règne faut avec votre vie ; et le sien