Page:Chartier - La Belle Dame sans merci, 1901, éd. Charpennes.djvu/75

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La Dame

De rien a moi ne vous prenez,
Je ne vous suis aspre ne dure,
Et n’est droit que vous me tenez
Envers vous ne douce ne sure.
Qui se quiert le mal si l’endure,
Autre confort donner ne say,
Ne de l’apprendre n’ai-je cure.
Qui en veut en fasse l’essay,

L’Amant

Une fois le faut essayer
A tous les bons en leur endroit,
Et le devoir d’amour payer
Qui franc cœur a, prisé et droit.
Car franc vouloir maintient et croit
Que c’est durté et mesprison,
Tenir un haut cœur si estroit
Qu’il n’ait qu’un seul corps pour prison.

La Dame

J’en sais tant de cas merveilleux
Qu’il me doit assez souvenir
Que l’entrer en est périlleux,
Et encor plus le revenir.
A tard en peut bien advenir ;
Pour ce, n’ai vouloir de chercher
Un mal plaisir au mieux venir.
Dont l’essai peut couster si cher.