Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (2).djvu/45

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Strickland. S’il eût pu hésiter, c’eût été dans la seule crainte que les mesures ne fussent pas suffisamment prises dans l’intérêt des noirs qui’il s’agissait de libérer presque subitement. Mais, ne partageant pas les appréhensions du sous-secrétaire d’Etat des colonies, il votait pour la motion.

Sir E. Sugden. Sir E. Sugden ne voyait pas, dans le préambule de l’acte du 28 août 1833, les formules d’un contrat. Mais qu’importait ? La preuve que l’apprentissage était un droit reconnu aux anciens maîtres, c’est que ce droit était transmissible. La véritable question serait donc de savoir si, par les infractions commises dans l’exécution de l’acte, l’intervention du parlement était rendue nécessaire. A cet égard, aucun doute ne s’élevait dans l’esprit de l’orateur. Il ne pouvait admettre, avec le sous-secrétaire d’État des colonies, que ces infractions ne présentassent qu’un caractère purement individuel. Il n’en voulait d’autre preuve que le bill même dont ce haut fonctionnaire réclamait la seconde lecture, et dont toutes les dispositions s’appliquaient à la répression des vices introduits par les législatures locales dans le système d’apprentissage. Ainsi, à l’égard des châtiments corporels. il frémissait en pensant qu’à la Jamaïque près de vingt-neuf mille personnes avaient reçu, chacune, en moyenne, cinq cent quatre-vingts coups de fouet. Dans ce nombre, et au mépris du texte formel de l’article 17 de l’acte d’abolition de l’esclavage, il fallait comprendre des milliers de femmes.

M. O’Connel. M. O’Connel se demandait comment le gouvernement, le voulût-il pourrait résister au vœu général et si prononcé de l’opinion en faveur de l’émancipation définitive des noirs. En consentant au sacrifice de vingt millions sterling