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Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (2).djvu/56

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fouler aux pieds ses actes ; vous avez manqué votre engagement à l’égard du peuple anglais, qui a payé des millions, non pour la suppression illusoire du mot esclavage, mais pour assurer réellement le bienfait de la liberté aux noirs. — Que nous demandez-vous ? De manquer, nous aussi, à la justice, à l’humanité, au ciel lui-même, afin que vous puissiez rester fidèle à Mammon[1]. — Ne dites pas que la Jamaïque seule a violé le contrat ; ce reproche est mérité par la plupart des colonies : cependant, même au rapport des autorités de la Jamaïque, la conduite des noirs a été exemplaire. — Vous vous épouvantez à l’idée d’anticiper de deux années la libération d’une classe d’apprentis ? Mais voyez Antigue, et soyez rassuré. Le passage instantané de toute la population noire, de l’esclavage à la liberté s’est effectué à Antigue sans qu’il en coûtât un seul cheveu à un blanc. Mais comment s’expliquer la sollicitude pour les droits attribués aux uns et l’indifférence pour les souffrances des autres ? Il est vrai qu’un orateur (M. Gladstone) avait beaucoup loué l’humanité des maîtres. M. Bulwer n’entendait pas les accuser : les hommes ne sont, après tout, que ce qu’on les fait. C’était l’apprentissage qu’il attaquait l’apprentissage, pire que l’esclavage païen ; l’apprentissage, dont il réclamait la cessation au nom du christianisme, sans acception de communions ; au nom de la conscience, sans distinction de partis.

Une majorité de trois voix (quatre-vingt-seize contre quatre-vingt-treize) se prononça pour la motion.

Lord John Russell. Lord John Russell déclara que la motion, votée à la

  1. Plutus syrien.