Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/156

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CLXVII.


Le rolle de la crainte ou de la coüardise
C'est de s'aller tapir ou musser dans un creus,
Ou sous le roc cambré d'un antre tenebreus
Pour fuir les impos dont le sort nous cottise.

L'immuable vertu aus dangers mieus apprise
Soit que l'orage enfle, ou le tonnerre affreus
Le vent tempestatif, ou le carreau souffreus
S'oppose à son chemin, ne romt son entreprise.

Des perils, de prisons de fers, & de tourmens
Elle augmente sa force, & prend ses alimens
En ses opinions eternellement stable.

Mortel, il est facile en tems d'aversité
De souhaiter la mort : mais vivre miserable
Et ne vouloir mourir, c'est magnanimité.


CLXVIII.


Le payen Cleombrote en soy-mesme excité
Des escris de Platon, prit une telle enuie
De l'immortalité, qu'il en perdit la vie
De son mouvement seul en mer precipité :

En nous que JESUS-CHRIST de mort à rachetté,
Nous redonnant du ciel la demeure ravie,
Nous aimons tant la chair à la terre asservie
Que nous n'avisons point à l'immortalité.

Tes brebis ô Seigneur, entendent tes paroles
Et te suivent par tout, aussi tu les consoles
Les nombres, & connois, & les eternisant

Tu repouves tous ceus qui pleins de convoitise
Se renommant Chrestiens chomment en paillardise,
Et vont au lieu du ciel la terre courtisant.