CLIII.
Le criart matelot, & le rude Nocher
Appercevant la fin de leur grand navigage,
De jouyeus heurlement font sonner le rivage
Et gaillars vont au port les voiles destacher.
Le messager trottant de rocher en rocher
De destrois en destrois, voyant de son message
Le but tant desiré s'esgaye en son courage
N'ayant dorenavant sujet de se fascher.
Et nous apres le cour d'une si longue route,
D'un chemin si scabreus entrerompus de doute
Quant la mort nous surprend, & que nous arrivons
Au haure de salut, nous fremissons de crainte
Et blasphemant le ciel de quereleuse plainte
Pour ne mourir en DIEU au diable nous vivons.
CLIIII.
Quant tu voudras choisir une forme meilleure
De vivre selon DIEU, execute soudain
La resolution d'un si sage dessein,
Et ne differes point jusqu'a tant que tu meure.
Du futur inconneu la naissance n'est seure,
Et me semble à tout coup eschapper de la main,
De l'espiante mort du jour au lendemain,
Quant je puis alonger mon heure d'un quart d'heure
Pense & fais tout ensemble, & ne vas imitant
Le rusticque grossier, qui mal-habile attend
Jusqu'à ce que le flus des rivieres distille
Mais la riviere coule, & coulera tousjours
Et luy verra plustost le terme de ses jours
Que le restaurement de son àge inutile.