Page:Chassignet - Le mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594.djvu/161

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CLXXVII.


Dis moy, homme insensé, pourquoy deposes tu
Dans un coffre enfermé tes vestemens en serre
N'est-ce pas à l'effet que ta main les desserre
Afin d'en estre au jour des festes revestu ?

De mesme quant le cors par la mort abbatu
Aura long tems croupi au ventre de la terre,
Nostre esprit le viendra au dernier jour requerre
Pour recouvrer la haut sa premiere vertu.

Mortel le cos ne meurt, seulement il sommeille
Attendant que le fils du Souverain l'esveille
Sujet de comparoistre au dernier jugement.

Ou comme il à bien fait ou forfait avec l'ame,
Il cuira avec elle en l'eternelle flame,
Ou vivra avec elle heureus au firmament.


CLXXVIII.


Alix le mercenaire est beaucoup plus content
Sur le declin du jour que sur la matinee
Il voit la nuit venant la fin de sa journee
Et travaille au matin de sueur hallettant :

Mais vous qui bastissant sur le sable inconstant
Des passetems mondains, dant l'ame empoisonnee
Aus sales voluptez du ventre est adonnee,
La fin de vos travaus vous allez redoutant.

La mort aux affligez est autant gracieuse,
Comme aux voluptueus desplaisantes & fascheuse
Du lasche aiguillon des vices abbatu

La crainte de son DIEU follement abandonne,
De l'immortalité mesprisant la coronne
Que personne n'obtient s'il na bien combatu.