Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/120

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Je suis sorti avant le dîner, escorté, comme d’habitude, de nos éternels Ya-kou-nynns, qui sont d’un obsédant et d’un gênant à lasser les plus rudes patiences. Même devant les menaces, ils rient sans se fâcher jamais, et restent quand même accolés à nos personnes, épiant tous nos gestes, prenant des notes, contrôlant notre moindre achat chez les marchands : ces derniers ont, à ce qu’il paraît, défense de nous livrer quoi que ce soit sans l’autorisation de nos surveillants, et encore faut-il qu’ils apportent les acquisitions que nous avons pu faire à notre habitation, ou là encore elles passent par un nouveau contrôle. Dans un local ouvert, ressemblant à un bazar, au milieu d’objets d’usage de toute nature, vieux et neufs, et soigneusement étiquetés, comme, du reste, tout objet de vente au Japon, j’ai découvert de petits ivoires travaillés, anciens, d’un fini charmant. L’abbé Mermet suppose que le hasard m’a fait entrer dans un de ces monts-de-piété organisés sur le même pied que ceux d’Europe, qui abondent, m’a-t-il dit, dans les quartiers ouvriers de la ville.