Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/128

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négociateurs, tout en emportant, en fait, un traité aussi honorable que le comportaient et les circonstances et les conditions matérielles de la mission qui lui était confiée.

J’allais oublier un autre satisfait, M. de Moges, le premier attaché du baron Gros, qui va partir pour la France avec le Traité dès notre retour à Shang-haï, après trois ans d’exil : je l’envierais presque, moi qui viens à peine d’entamer mon sillon. M. de Moges a, du reste, grand besoin de l’air natal. Il doit avoir une grande énergie, car toujours il a l’air faible ou souffrant, et toujours il va et sans se plaindre. C’est une nature froide, plus âgée que son âge, essentiellement méthodique et observatrice.

Depuis ce matin je grelotte la fièvre ; M. de Contades est sur la même pente. Les deux chambres contiguës que nous habitons dominent, d’un mètre tout au plus, une petite cour-jardin presque entièrement remplie par une mare d’eau croupissante, dont quelques rocailles et deux ou trois arbustes ne sauraient parvenir à faire un bassin ; le soir cette mare dégage une humidité malsaine à laquelle nous attribuons nos malaises fébriles : c’est en somme une laide baraque que notre palais de Yeddo, qui ne vaut pas la description détaillée que d’abord je voulais en faire. Ici, du reste, tous les intérieurs de maisons sont calqués sur le même patron : des