déjà présentés au pied de la Grande Muraille, et que les trois pièces de canon envoyées de Macao avaient dispersés en peu d’instants. Ils menaçaient de revenir. Les mandarins de guerre furent d’avis que l’artillerie était la meilleure arme qu’on pût employer contre ces Barbares. Mais comment se la procurer ? À peine les Chinois savaient-ils pointer et tirer le canon : il y a loin de là à la fonte des canons. Ce fut le P. Adam Schaol, missionnaire jésuite, qui leur rendit cet important service. Quelque temps après, le P. Verbiest, autre jésuite missionnaire, entreprit, par ordre de l’Empereur, une nouvelle fonte, et porta l’artillerie chinoise jusqu’au nombre de 320 pièces. Le même religieux leur avait indiqué la manière de fortifier les places, de construire des forteresses nouvelles, d’élever d’autres édifices dans les règles de notre architecture moderne. Les jésuites ne se contentaient point d’envoyer à la Chine des missionnaires zélés ; il fallait encore que le zèle fût réuni aux talents. Cette sage précaution les conduisit au centre d’un empire jusqu’alors inaccessible à tout étranger.
(Histoire générale de la Chine, au Annales de cet Empire, traduites du texte chinois par le feu Père Joseph-Anne-Marie de Mayriac de Mailla ; rédigé par M. l’abbé Grosier, chanoine de Saint-Louis du Louvre. Vol. XIII, 450 et 451.)