Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dialectes qui se parlent dans la presqu’île, et il n’en savait aucun ; il manquait de ressources pécuniaires, ne recevant que dix piastres par mois (60 francs) de la Propagande de la Foi ; rien d’une chrétienté insignifiante encore et composée d’ailleurs d’éléments pauvres et non attachés au pays ; enfin, dans les journaux anglais de la localité, il était, tous les jours, au début, représenté comme un intrus ou un vagabond : sa situation était donc des plus difficiles et des plus précaires.

Néanmoins, et c’est là le côté le plus remarquable de son œuvre, il parvint, dès 1843, à jeter les fondations d’une première église catholique, avec les seuls fonds que lui avait procurés une souscription ouverte en 1840, uniquement dans la société protestante dont il avait su se concilier l’estime et les sympathies par la moralité de sa vie, autant que par son habileté : comme appoint, sa communauté ne lui avait envoyé d’Europe que la modique somme de deux mille francs.

Ces premiers résultats heureux faillirent un instant être compromis à tout jamais, l’autorité locale s’alarmant de voir une église rivale prendre des proportions plus importantes que la sienne propre ; aussi le P. Beurel, fidèle à son système de temporisation et de prudence, se décida-t-il à la détruire, mais pour la relever plus tard dans les conditions