j’ai trouvé le vin d’une violence extrême à l’estomac, et, de plus, d’un goût fort désagréable. Ce doit être une boisson composée, faite pour enivrer promptement, bien que prise à petites doses.
Le déjeuner une fois terminé, deux des officiers les plus hauts en grade, après le Gouverneur, ont quitté leurs places et sont venus, en commençant par M. de Kerjégu et par moi, porter, le verre à la main, des défis auxquels toute notre jeune mission a bravement répondu. Pour mon compte, vu le triste état de ma santé, je me suis borné à quelques gorgées, qui seules ont suffi pour me laisser dans la gorge un feu qui a duré une partie de la journée. C’est du vitriol que ce vin japonais !
Au milieu du repas, le Gouverneur a demandé au baron Gros la permission de lui envoyer à bord un souvenir d’amitié, dont, d’avance, il a excusé la modestie dans les meilleurs termes. Notre Ambassadeur, prévenu le matin par l’abbé Mermet de la coutume japonaise en pareilles circonstances, a répondu du tic au tac à la gracieuseté future du Bougno par le don d’un couvert de vermeil qu’il avait en poche, et dont le Gouverneur a paru ravi. J’allais oublier qu’avant de nous mettre à table, le Gouverneur avait fait distribuer à chacun de nous des éventails très-simples, sans peintures, à montures de bambous ; le papier, fait avec des orties blanches, en est