Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

afin de se faire donner quelques coups de canon, et peut-être écrire à Yeddo que nous sommes de crédules étrangers dont on peut avoir bon marché, nous a joué une parade tout à fait, dit M. Harris, dans l’esprit japonais. La vérité est que c’est un homme de rien, mais un agent habile et impudent, que le gouvernement a cru devoir faire monter en grade en l’honneur des Anglais et des Français, depuis le temps proche encore cependant où il le donnait comme courrier, pour commander les relais et les haltes à ce même M. Harris, se rendant, par terre, conclure son traité dans la capitale de l’Empire. Notre Japonais n’en était pas, du reste, avec nous, à son coup d’essai : il a seulement mieux réussi avec la Mission de France qu’avec celle d’Angleterre, le chef de cette dernière, lord Elgin, dans sa défiance hautaine à l’endroit des Asiatiques qu’il a beaucoup pratiqués, s’étant refusé, à son arrivée à Simoda, à recevoir le prétendu prince et à lui accorder le titre et le rang d’Excellence qu’il revendiquait.

Ce petit incident, plus comique que sérieux, réveille chez moi, dans un ordre d’idées plus élevées, une réflexion que j’ai souvent faite depuis quelques années que j’ai beaucoup voyagé : c’est qu’une fois hors du territoire, dans ses contacts avec d’autres civilisations que la sienne, avec celles de l’Asie