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PRÉFACE
de la première édition d’atala.

On voit par la lettre précédente[1] ce qui a donné lieu à la publication d’Atala avant mon ouvrage sur le Génie du Christianisme, dont elle fait partie. Il ne me reste plus qu’à rendre compte de la manière dont cette histoire a été composée.

J’étois encore très-jeune lorsque je conçus l’idée de faire l’épopée de l’homme de la nature, ou de peindre les mœurs des sauvages, en les liant à quelque événement connu. Après la découverte de l’Amérique, je ne vis pas de sujet plus intéressant, surtout pour les François, que le massacre de la colonie des Natchez à la Louisiane, en 1727. Toutes les tribus indiennes conspirant, après

  1. La lettre dont il s’agit ici avoit été publiée dans le Journal des Débats et dans le Publiciste (1800), et reproduite en tête de la première édition d’Atala ; la voici :

    « Citoyen,

    « Dans mon ouvrage sur le Génie du Christianisme, ou les beautés de la religion chrétienne, il se trouve une partie entière consacrée à la poétique du Christianisme. Cette partie se divise en quatre livres : poésie, beaux-arts, littérature, harmonies de la religion avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. Dans ce livre, j’examine plusieurs sujets qui n’ont pu entrer dans les précédents, tels que les effets des ruines gothiques comparées aux autres sortes de ruines, les sites des monastères