Livre Cinquième.
« L’impression que laissa dans mon esprit ce jour fatal, à présent si vive et si profonde, fut alors promptement effacée. Mes jeunes amis m’entourèrent ; ils se moquèrent de mes terreurs et de mes remords ; ils rioient des anathèmes d’un obscur pontife sans crédit et sans pouvoir.
« La cour, qui dans ce moment se transporta de Rome à Baïes, en m’arrachant du théâtre de mes erreurs, m’enleva au souvenir de leur châtiment ; et me croyant perdu sans retour auprès des chrétiens, je ne songeai qu’à m’abandonner aux plaisirs.
« Je compterois, seigneurs, parmi les beaux jours de ma vie l’été que je passai près de Naples avec Augustin et Jérôme s’il pouvoit y avoir de beaux jours dans l’oubli de Dieu et les mensonges des passions.
« La cour étoit pompeuse et brillante : tous les princes, amis ou enfants des césars, s’y trouvoient rassemblés. On y voyoit Licinius[a] et Sévère[b], compagnons d’armes de Galérius ; Daïa[c], nouvellement