Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/115

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de Bouillon. On verra dans l’ Itinéraire l’histoire de l’église du Saint-Sépulcre pendant ces siècles de calamités. Elle fut sauvée par la constance invincible des fidèles de la Judée : jamais ils ne l’abandonnèrent, et les pèlerins, rivalisant de zèle avec eux, ne cessèrent point d’accourir au saint rivage.

Quelques années après la conquête d’Omar, Arculfe visita la Palestine. Adamannus, abbé de Jona en Angleterre, écrivit, d’après le récit de l’évêque français, une relation de la Terre Sainte. Cette relation curieuse nous a été conservée. Séranius la publia à Ingolstadt, en 1619, sous ce titre : De Locis Terrae Sanctoe lib. III. On en trouve un extrait dans les Oeuvres du vénérable Bède : De Situ Hierusalem et Locorum Sanctorum liber. Mabillon a transporté l’ouvrage d’Adamannus dans sa grande collection, Acta SS. Ordin. S. Benedicti II. 514.

Arculfe décrit les lieux saints tels qu’ils étaient du temps de saint Jérôme et tels que nous les voyons aujourd’hui. Il parle de la basilique du Saint-Sépulcre comme d’un monument de forme ronde : il trouva des églises et des oratoires à Béthanie, sur la montagne des Oliviers, dans le jardin du même nom, et dans celui de Gethsémani, etc. Il admira la superbe église de Bethléem, etc. C’est exactement tout ce que l’on montre de nos Jours ; et pourtant ce voyage est à peu près de l’an 690, si l’on fait mourir Adamannus au mois d’octobre de l’année 704192. Au reste, du temps de saint Arculfe Jérusalem s’appelait encore Aelia.

Nous avons au VIIIe siècle deux relations du voyage à Jérusalem193 de saint Guillebaud194 : toujours description des mêmes lieux, toujours même fidélité de traditions. Ces relations sont courtes, mais les stations essentielles sont marquées. Le savant Guillaume Cave195 indique un manuscrit du vénérable Bède, in Bibliotheca Gualtari Copi, cod. 169, sous le titre de Libellus de Sanctis Locis. Bède naquit en 672, et mourut en 732. Quel que soit ce petit livre sur les lieux saints, il faut le rapporter au VIIIe siècle.