Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/194

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trouvâmes un jardin environné de murs, et qui occupe à peu près la place du Céramique extérieur. Nous mîmes une demi-heure pour nous rendre à Athènes, à travers un chaume de froment. Un mur moderne nouvellement réparé et ressemblant à un mur de jardin renferme la ville. Nous en franchîmes la porte, et nous pénétrâmes dans de petites rues champêtres, fraîches et assez propres : chaque maison a son jardin planté d’orangers et de figuiers. Le peuple me parut gai et curieux, et n’avait point l’air abattu des Moraïtes. On nous enseigna la maison du consul.

Je ne pouvais être mieux adressé qu’à M. Fauvel pour voir Athènes : on sait qu’il habite la ville de Minerve depuis longues années ; il en connaît les moindres détails, beaucoup mieux qu’un Parisien ne connaît Paris. On a de lui d’excellents mémoires ; on lui doit les plus intéressantes découvertes sur l’emplacement d’Olympie, sur la plaine de Marathon, sur le tombeau de Thémistocle au Pirée, sur le temple de la Vénus aux Jardins, etc. Chargé du consulat d’Athènes, qui n’est pour lui qu’un titre de protection, il a travaillé et travaille encore, comme peintre, au Voyage pittoresque de la Grèce. L’auteur de ce bel ouvrage, M. de Choiseul-Gouffier, avait bien voulu me donner une lettre pour l’homme de talent, et je portais de plus au consul une lettre du ministre 38.

On ne s’attend pas sans doute que je donne ici une description complète d’Athènes ; si l’on veut connaître l’histoire de cette ville, depuis les Romains jusqu’à nous, on peut recourir à l’Introduction de cet Itinéraire. Si ce sont les monuments d’Athènes ancienne qu’on désire connaître, la traduction de Pausanias, toute défectueuse qu’elle est, suffit parfaitement à la foule des lecteurs ; et le Voyage du jeune Anacharsis ne laisse presque rien à désirer. Quant aux ruines de cette fameuse cité, les lettres de la collection de Martin Crusius, le père Babin, La Guilletière même, malgré ses mensonges, Pococke, Spon, Wheler, Chandler surtout et M. Fauvel les font si parfaitement connaître que je ne pourrais que les répéter. Sont-ce les plans, les cartes, les vues d’Athènes et de ses monuments que l’on cherche ? On les trouvera partout : il suffit de rappeler les travaux du marquis de Nointel, de Leroi, de Stuart, de Pars ; M. de Choiseul, complétant l’ouvrage que tant de malheurs ont interrompu, achèvera de mettre sous nos yeux Athènes tout entière. La partie des mœurs et du gouvernement des Athéniens modernes est également bien traitée dans les auteurs que je viens de citer ; et comme les usages ne changent pas en Orient ainsi