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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/326

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Belon (1550), assez célèbre d’ailleurs comme naturaliste, dit à peine un mot du Saint-Sépulcre : son style en outre a trop vieilli. D’autres auteurs, plus anciens encore que lui, ou ses contemporains, tels que Cachernois (1490), Regnault (1522), Salignac (1522), le Huen (1525), Gassot (1536), Renaud (1548), Postel (1553), Giraudet (1575), se servent également d’une langue trop éloignée de celle que nous parlons 5. .

Villamont (1588) se noie dans les détails, et il n’a ni méthode ni critique. Le Père Boucher (1610) est si pieusement exagéré, qu’il est impossible de le citer. Bernard (1616) écrit avec assez de sagesse, quoiqu’il n’eût que vingt ans à l’époque de son voyage ; mais il est diffus, plat et obscur. Le Père Pacifique (1622) est vulgaire, et sa narration est trop abrégée Monconys (1647) ne s’occupe que de recettes de médecine. Doubdan (1651) est clair, savant, très digne d’être consulté, mais long et sujet à s’appesantir sur les petites choses. Le frère Roger (1653), attaché pendant cinq années au service des lieux saints, a de la science, de la critique, un style vif et animé : sa description du Saint-Sépulcre est trop longue ; c’est ce qui me l’a fait exclure. Thévenot (1656), un de nos voyageurs les plus connus, a parfaitement parlé de l’église de Saint-Sauveur, et j’engage les lecteurs à consulter son ouvrage ( Voyage au Levant, chap. XXXIX) ; mais il ne s’éloigne guère de Deshayes : Le Père Nau, jésuite (1674), joignit à la connaissance des langues de l’Orient l’avantage d’accomplir le voyage de Jérusalem avec le marquis de Nointel, notre ambassadeur à Constantinople, et le même à qui nous devons les premiers dessins d’Athènes : c’est bien dommage que le savant jésuite soit d’une intolérable prolixité. La lettre du Père Néret, dans les Lettres édifiantes, est excellente de tous points, mais elle omet trop de choses. J’en dis autant de du Loiret de La Roque (1687). Quant aux voyageurs tout à fait modernes, Muller, Vanzow, Korte Bscheider, Mariti, Volney, Niebuhr, Brown, ils se taisent presque entièrement sur les saints lieux.

Deshayes (1621), envoyé par Louis XIII en Palestine, m’a donc paru mériter qu’on s’attachât à son récit :

  1. Parce que les Turcs s’empressèrent de montrer eux-mêmes Jérusalem à cet ambassadeur, et qu’il serait entré jusque dans la mosquée du temple s’il l’avait voulu ;
  2. Parce qu’il est si clair et si précis dans le style, un peu vieilli, de son secrétaire, que Paul Lucas l’a copié mot à mot, sans avertir du plagiat, selon sa coutume ;