Qui changera mes yeux en deux sources de larmes
- Pour pleurer ton malheur ?
- O saint temple !
- O David !
- Dieu de Sion, rappelle,
- Rappelle en sa faveur tes antiques bontés.
La plume tombe des mains : on est honteux de barbouiller encore du papier après qu’un homme a écrit de pareils vers.
Je passai une partie de la journée du 9 au couvent, pour m’occuper des détails de la vie privée à Jérusalem ; je n’avais plus rien d’essentiel à voir, soit au dedans, soit au dehors de la ville, si ce n’est le puits de Néhémie, où l’on cacha le feu sacré au temps de la captivité, les sépulcres des juges et quelques autres lieux ; je les visitai le soir du 9. Comme ils n’ont rien de remarquable, excepté les noms qu’ils portent, ce n’est pas la peine d’en entretenir le lecteur.
Je viens donc à ces petits détails qui piquent la curiosité, en raison de la grandeur des lieux dont on parle. On ne se peut figurer qu’on vive à Athènes et à Sparte comme chez soi. Jérusalem surtout, dont le nom réveille le souvenir de tant de mystères, effraye l’imagination ; il semble que tout doive être extraordinaire dans cette ville extraordinaire. Voyons ce qu’il en est, et commençons par la description du couvent des Pères latins.
On y pénètre par une rue voûtée qui se lie à une autre voûte assez longue et très obscure. Au bout de cette voûte on rencontre une cour formée par le bûcher, le cellier et le pressoir du couvent. On aperçoit à droite, dans cette cour, un escalier de douze à quinze marches ; cet escalier monte à un cloître qui règne au-dessus du cellier, du bûcher et du pressoir, et qui par conséquent a vue sur la cour d’entrée. A l’orient de ce cloître s’ouvre un vestibule qui communique à l’église : elle est assez jolie ; elle a un chœur garni de stalles, une nef éclairée par un dôme, un autel à la romaine et un petit jeu d’orgues : tout cela est renfermé dans un espace de vingt pieds de longueur sur douze de largeur.
Une autre porte, placée à l’occident du cloître dont j’ai parlé, conduit dans l’intérieur du couvent. " Ce couvent, dit un pèlerin 48. dans sa description, aussi exacte que naïve, ce couvent est fort irrégulier,