Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/396

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La mosquée où l’image de la Vierge est placée d’après le conseil du magicien est évidemment la mosquée du Temple :

Io là, donde riceve
L’alta vostra meschita e l’aura e’l die, etc.
" La nuit, j’ai monté au sommet de la mosquée, et, par l’ouverture qui reçoit la clarté du jour, je me suis fait une route inconnue à tout autre. "

Le premier choc des aventuriers, le combat singulier d’Argant, d’Othon, de Tancrède, de Raimond de Toulouse, a lieu devant la porte d’Ephraïm. Quand Armide arrive de Damas, elle entre, dit le poète par l’extrémité du camp. En effet, c’était près de la porte de Damas que se devaient trouver, du côté de l’ouest, les dernières tentes des chrétiens.

Je place l’admirable scène de la fuite d’Herminie vers l’extrémité septentrionale de la vallée de Josaphat. Lorsque l’amante de Tancrède a franchi la porte de Jérusalem avec son fidèle écuyer, elle s’enfonce dans des vallons, et prend des sentiers obliques et détournés (cant. VI, stanz. 96). Elle n’est donc pas sortie par la porte d’Ephraïm ; car le chemin qui conduit de cette porte au camp des croisés passe sur un terrain uni : elle a préféré s’échapper par la porte de l’orient, porte moins suspecte et moins gardée.

Herminie arrive dans un lieu profond et solitaire : in solitaria ed ima parte. Elle s’arrête et charge son écuyer d’aller parler à Tancrède : ce lieu profond et solitaire est très bien marqué au haut de la vallée de Josaphat, avant de tourner l’angle septentrional de la ville. Là, Herminie pouvait attendre en sûreté le retour de son messager, mais elle ne peut résister à son impatience : elle monte sur la hauteur, et découvre les tentes lointaines. En effet, en sortant de la ravine du torrent de Cédron, et marchant au nord, on devait apercevoir, à main gauche, le camp des chrétiens. Viennent alors ces stances admirables :

Era la notte, etc.
" La nuit régnait encore : aucun nuage n’obscurcissait son front chargé d’étoiles : la lune naissante répandait sa douce clarté : l’amoureuse beauté prend le ciel à témoin de sa flamme ; le silence et les champs sont les confidents muets de sa peine.

Elle porte ses regards sur les tentes des chrétiens : O camp des Latins, dit-elle, objet cher à ma vue ! Quel air on y respire ! Comme il ranime mes sens et les récrée ! Ah ! si jamais le ciel donne un asile à