Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/500

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la principauté de Galilée ; la troisième, les seigneuries de Sidon, de Césarée et de Bethsan ; la quatrième, les seigneuries de Krak, de Montréal et d’Hébron. Le comté de Tripoli formait une principauté à part, dépendante mais distinguée du royaume de Jérusalem.

" Un des premiers soins des rois avait été de donner un Code à leur peuple. de sages hommes furent chargés de recueillir les principales lois des différents pays d’où étaient venus les croisés, et d’en former un corps de législation, d’après lequel les affaires civiles et criminelles seraient jugées On établit deux cours de justice : la haute pour les nobles, l’autre pour la bourgeoisie et toute la roture. Les Syriens obtinrent d’être jugés suivant leurs propres lois.

" Les différents seigneurs, tels que les comtes de Jafa, les seigneurs d’Ybelin, de Césarée, de Caïfas, de Krak, l’archevêque de Nazareth, etc., eurent leurs cours et justice ; et les principales villes, Jérusalem, Naplouse, Acre, Jafa, Césarée, Bethsan, Hébron, Gades, Lyde, Assur, Panéas, Tibériade Nazareth, etc., leurs cours et justices bourgeoises : les justices seigneuriales et bourgeoises, au nombre d’abord de vingt à trente de chaque espèce augmentèrent à proportion que l’État s’agrandissait.

" Les baronnies et leurs dépendances étaient chargées de fournir deux mille cavaliers ; les villes de Jérusalem, d’Acre et de Naplouse en devaient six cent soixante-six, et cent treize sergents ; les cités de Tyr, de Césarée, d’Ascalon, de Tibériade, mille sergents.

" Les églises, évêques, abbés, chapitres, etc., devaient en donner environ sept mille, savoir : le patriarche, l’église du Saint-Sépulcre, l’évêque de Tibériade, et l’abbé du Mont-Tabor, chacun six cents ; l’archevêque de Tyr et l’évêque de Tibériade, chacun cinq cent cinquante ; les évêques de Lyde et de Bethléem, chacun deux cents ; et les autres, à proportion de leurs domaines.

" Les troupes de l’État réunies firent d’abord une armée de dix à douze mille hommes ; on les porta ensuite à quinze ; et quand Lusignan fut défait par Saladin, son armée montait à près de vingt-deux mille hommes, toutes troupes du royaume.

" Malgré les dépenses et les pertes qu’entraînaient des guerres presque continuelles, les impôts étaient modérés, l’abondance régnait dans le pays, le peuple se multipliait, les seigneurs trouvaient dans leurs fiefs de quoi se dédommager de ce qu’ils avaient quitté en Europe ; et Baudouin du Bourg lui-même ne regretta pas longtemps son riche et beau comté d’Edesse. " (N.d.A.)



J’aurais pu piller les Mémoires de l’abbé Guénée sans en rien dire, à l’exemple de tant d’auteurs qui se donnent l’air d’avoir puisé dans les sources quand ils n’ont fait que dépouiller des savants dont ils taisent le nom. Ces fraudes sont très faciles aujourd’hui, car dans ce siècle de lumières l’ignorance est grande. On commence par écrire sans avoir rien lu, et l’on continue ainsi toute sa vie. Les véritables gens de lettres gémissent en voyant cette nuée de jeunes auteurs qui auraient peut-être du talent s’ils avaient quelques études. Il faudrait se souvenir que Boileau lisait Longin dans l’original, et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide grecs. Dieu nous ramène au siècle des pédants ! Trente Vadius ne feront jamais autant de mal aux lettres qu’un écolier en bonnet de docteur.

Je ne puis cependant m’empêcher de donner ici un calcul qui faisait partie de mon travail ; il est tiré de l’Itinéraire de Benjamin de Tudèle. Ce juif espagnol avait parcouru la terre au XIIIe siècle pour déterminer l’état du peuple