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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 5.djvu/75

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DISCOURS


EN RÉPONSE


A M. LE GARDE DES SCEAUX




Messieurs, M. le garde des sceaux prétend que mon amendement serait mieux placé au vingt-sixième article du projet de loi qu’au premier article : qu’à cela ne tienne ; si M. le garde des sceaux veut s’engager à soutenir mon amendement placé au vingt-sixième article, je suis prêt à lui donner satisfaction et à m’entendre avec lui.

La mémoire de M. le garde des sceaux l’aura, je pense, trompé : il croit que j’ai accusé des Français. J’ai précisément mis les Français hors de cause, et j’ai déclaré que j’espérais qu’aucun d’eux n’avait souillé le pavillon blanc dans un damnable trafic.

M. le garde des sceaux ne me semble avoir détruit ni ce que j’ai avancé touchant le crime, ni ce que j’ai soutenu sur la complicité du crime. Il se contente de tout nier. Mais nier n’est pas prouver ; et moi, pour soutenir que les transports d’esclaves existent, je m’appuie sur les écrits de tous, les voyageurs, sur les récits de toutes les gazettes imprimées dans l’Orient, même de celles qui ne sont pas favorables à la cause des Grecs, sur les journaux officiels de Napoli de Romani, enfin sur les plaintes mêmes du gouvernement grec. Quand on a demandé à celui-ci de faire justice des pirates qui usurpent son pavillon, il a répondu qu’il ne demandait pas mieux, mais qu’il fallait aussi que les puissances chrétiennes défendissent à leurs sujets de fournir des transports aux soldats turcs et de noliser des vaisseaux pour y faire recevoir des malheureux habitants de la Grèce que l’on emmenait en esclavage. Voilà, messieurs, des faits connus de tout l’univers.