Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/147

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ricaînes, dont le bec est d’ivoire, annoncent l’automne aux Indiens ; les perroquets et les piverts leur prédisent la plaie par des sifflements tremblotants.

Quand le maukawis, espèce de caille, fait entendre son chant au mois d’avril depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, le Siminole se tient assuré que les froids sont passés : les femmes sèment les grains d’été ; mais quand le maukawis se perche la nuit sur une cabane, l’habitant de cette cabane se prépare à mourir.

Si l’oiseau blanc se joue au haut des airs, il annonce un orage ; s’il vole le soir au-devant du voyageur, en se jetant d’une aile sur l’autre, comme effrayé, il prédit des dangers.

Dans les grands événements de la patrie, les jongleurs affirment que Kit-chi-manitou se montre au-dessus des nuages porté par son oiseau favori, le wakon, espèce d’oiseau de paradis aux ailes brunes, et dont la queue est ornée de quatre longues plumes vertes et rouges.

Les moissons, les jeux, les chasses, les danses, les assemblées des sachems, les cérémonies du mariage, de la naissance et de la mort, tout se règle par quelques observations tirées de l’histoire de la nature. On sent combien ces usages doivent répandre de grâce et de poésie dans le langage ordinaire de ces peuples. Les nôtres se réjouissent à la Grenouillère, grimpent au mât de cocagne, moissonnent à la mi-août, plantent des oignons à la Saint-Fiacre, et se marient à la Saint-Nicolas.


MÉDECINE.

La science du médecin est une espèce d’initiation chez les sauvages : elle s’appelle la grande médecine ; on y est affilié comme à une franc-maçonnerie ; elle a ses secrets, ses dogmes, ses rites.

Si les Indiens pouvoient bannir du traitement des maladies les coutumes superstitieuses et les jongleries des prêtres, ils connoîtroient tout ce qu’il y a d’essentiel dans l’art de guérir ; on pourroit même dire que cet art est presque aussi avancé chez eux que chez les peuples civilisés.

Ils connoissent une multitude de simples propres à fermer les blessures ; ils ont l’usage du garent oguen, qu’ils appellent encore