Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/154

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Cette langue n’a que quatre voyelles, a, e, i, o, et la diphthongue 8, qui tient un peu de la consonne et de la valeur du w anglois ; elle a six consonnes, h, k, n, r, s, t.

Dans le huron, presque tous les noms sont verbes. Il n’y a point d’infinitif ; la racine du verbe est la première personne du présent de l’indicatif.

Il y a trois temps primitifs dont se forment tous les autres : le présent de l’indicatif, le prétérit indéfini, et le futur simple affirmatif.

Il n’y a presque pas de substantifs abstraits ; si on en trouve quelques-uns, ils ont été évidemment formés après coup du verbe concret, en modifiant une de ses personnes.

Le huron a un duel comme le grec, et deux premières personnes plurielles et duelles. Point d’auxiliaire pour conjuguer les verbes ; point de participes ; point de verbes passifs ; on tourne par l’actif : Je suis aimé, dites : On m’aime, etc. Point de pronoms pour exprimer les relations dans les verbes : elles se connoissent seulement par l’initiale du verbe, que l’on modifie autant de différentes fois et d’autant de différentes manières qu’il y a de relations possibles entre les différentes personnes des trois nombres, ce qui est énorme. Aussi ces relations sont-elles la clef de la langue. Lorsqu’on les comprend (elles ont des règles fixes), on n’est plus arrêté.

Une singularité, c’est que, dans les verbes, les impératifs ont une première personne.

Tous les mots de la langue huronne peuvent se composer entre eux. Il est général, à quelques exceptions près, que l’objet du verbe, lorsqu’il n’est pas un nom propre, s’inclut dans le verbe même, et ne fait plus qu’un seul mot, mais alors le verbe prend la conjugaison du nom ; car tous les noms appartiennent à une conjugaison. Il y en a cinq.

Cette langue a un grand nombre de particules explétives, qui seules ne signifient rien, mais qui répandues dans le discours lui donnent une grande force et une grande clarté. Les particules ne sont pas toujours les mêmes pour les hommes et pour les femmes. Chaque genre a les siennes propres.

Il y a deux genres, le genre noble, pour les hommes, et le genre non noble, pour les femmes et les animaux mâles ou femelles. En disant d’un lâche qu’il est une femme, on masculinise le mot femme ; en disant d’une femme qu’elle est un homme, on fémininise le mot homme.

La marque du genre noble et du genre non noble, du singulier, du