Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/242

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leur origine. Il est probable que dans les guerres qui ravagèrent ce pays elles servirent de forteresse, et il ne l’est pas moins qu’il peut s’y trouver aussi des ruines d’ouvrages européens de construction différente, tout comme on voit dans la Grande-Bretagne des ruines de fortifications romaines et bretonnes à côté les unes des autres. Pennant, dans son Voyage en Écosse, dit : « Sur une colline, près d’un certain endroit, il y a un retranchement de Bretons, de forme circulaire ; l’on me parla de quelques autres de forme carrée qui se trouvent à quelques milles de distance, et que je crois romains. » Dans son voyage du pays de Galles, il décrit un poste breton fortifié, situé sur le sommet d’une colline ; il est de forme circulaire, entouré d’un grand fossé et d’une levée. Au milieu de l’enceinte se trouve un monticule artificiel. Cette description convient exactement à nos vieux forts. Les Danois, ainsi que les nations qui élevèrent nos fortifications, étoient, suivant toute probabilité, d’origine scythe. Suivant Pline, le nom de Scythe étoit commun à toutes les nations qui vivoient dans le nord de l’Europe et de l’Asie.

Dans le Township de Camillus, situé aussi dans le comté d’Onondaga, à quatre milles de la rivière Seneca, à trente milles du lac Ontario et à dix-huit de Salina, il y a deux anciens forts, sur la propriété du juge Manro, établi en ce lieu depuis dix-neuf ans. Un de ces forts est sur une colline très-haute ; son emplacement couvre environ trois acres. Il a une porte à l’est, et une autre ouverture à l’ouest pour communiquer avec une source éloignée d’une dizaine de rods (160 pieds) du fort, dont la forme est elliptique. Le fossé étoit profond, le mur oriental avoit dix pieds de haut. Il y avoit dans le centre une grande pierre calcaire de figure irrégulière, qui ne pouvoit être soulevée que par deux hommes ; la base étoit plate et longue de trois pieds. Sa surface présentoit, suivant l’opinion de M. Manro, des caractères inconnus distinctement tracés dans un espace de dix-huit pouces de long sur trois pouces de large. Quand je visitai ce lieu, la pierre ne s’y trouvoit plus. Toutes mes recherches pour la découvrir furent inutiles. Je vis sur le rempart une souche de chêne noir, âgée de cent ans. Il y a dix-neuf ans on voyoit des indices de deux arbres plus anciens.

Le second fort est presque à un demi-mille de distance, sur un terrain plus bas ; sa construction ressemble à celle de l’autre ; il est de moitié plus grand. On distingue près du grand fort les vestiges d’un ancien chemin, aujourd’hui couvert par des arbres. J’ai vu aussi dans différents endroits de cette ville, sur des terrains élevés, une chaîne de renflements considérables qui s’étendoient du sommet des collines à leur pied, et que séparoient des rigoles de peu de largeur. Ce phé-