Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/262

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n’ont pas hésité à y voir les restes des victimes qui ont été sacrifiées dans ce lieu.

L’autre ouvrage elliptique a deux rangs ; l’un a huit, l’autre a quinze pieds de hauteur ; la surface des deux est unie. Ces ouvrages ne sont pas aussi communs ici qu’au Mississipi et plus au sud.

Il y a un ouvrage en forme de demi-lune dont les bords sont construits en pierres, que l’on aura sans doute prises à un mille de là. Près de cet ouvrage il y a une élévation, haute de cinq pieds, et de trente pieds de diamètre, et tout entière formée d’une ocre rouge que l’on trouve à peu de distance de là.

Les puits dont nous avons parlé plus haut sont très-larges ; l’un a six et l’autre dix perches de contour ; le premier a encore quinze, l’autre dix pieds de profondeur ; on y trouve de l’eau ; on voit encore quelques autres de ces puits sur la route.

Un troisième ouvrage, encore plus remarquable, est situé sur une colline haute, à ce qu’on dit, de plus de trois cents pieds, et presque perpendiculaire en plusieurs points. Ses remparts sont des pierres dans leur état naturel, qui ont été portées sur le sommet que ce rempart couronne. Cet ouvrage avoit dans le principe deux portes, qui se trouvoient aux seuls points accessibles. À la porte du nord on voit encore un amas de pierres qui auroit suffi à construire deux grandes tours. De là à la baie on voit un chemin, qui peut-être a été construit jadis, dont les pierres sont parsemées sans ordre, et dont la quantité auroit suffi pour en élever un mur de quatre pieds d’épaisseur sur dix de hauteur. Dans l’intérieur du rempart on voit un endroit qui semble avoir été occupé par des fours ou des forges ; on y trouve des cendres à plusieurs pieds de profondeur. Ce rempart renferme une aire de cent trente acres. C’étoit une des places les plus fortes.

Les chemins du rempart répondent à ceux du sommet de la colline, et l’on trouve la plus grande quantité de pierres à chaque porte, et à chaque détour du rempart, comme si elles avoient été entassées dans la vue d’en construire des tours et des créneaux. Si c’est là que furent les enceintes sacrées, elles étoient en effet défendues par les plus forts ouvrages ; nul militaire ne pourroit choisir une meilleure position pour protéger ses compatriotes, ses autels et ses dieux.

Dans le lit de la Pint, qui baigne le pied de la colline, on trouve quatre puits remarquables ; ils ont été creusés dans un roc pyriteux, où l’on trouve beaucoup de fer. Lorsqu’ils furent découverts, par une personne qui passoit en canot, ils étoient couverts de pierres semblables à nos meules, percées au centre ; le trou avoit quatre pouces de diamètre, et semble avoir servi à y passer une anse pour pouvoir