Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/264

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Le fort, presque carré, a cinq portes ; ses remparts, en terre, ont encore de quatorze à vingt pieds de hauteur.

De la porte à l’angle nord-ouest du fort s’étendent presque jusqu’à l’Ohio deux remparts parallèles en terre, qui vont se perdre dans quelques bas-fonds près du bord. La rivière paroît avoir un peu changé son cours depuis que ces remparts ont été élevés. On voit un monticule à l’angle extérieur sud-ouest du fort. Il ne semble pas qu’il ait été destiné à servir de lieu de sépulture : il est trop vaste. C’est un grand ouvrage qui s’élève à plus de vingt pieds, et dont la surface, très-unie, peut avoir un demi-acre ; il me paroît avoir été destiné au même usage que les carrés de Marietta. Entre cet ouvrage et l’Ohio on voit une belle pièce de terre. On a trouvé dans les remparts de ce fort une grande quantité de haches, d’armes, de pelles, de canons de fusil, qui ont évidemment été enfouis par les François, lorsqu’ils fuyoient devant les Anglois et Américains victorieux, à l’époque de la prise du fort Duquesne, nommé plus tard fort Pitt. On aperçoit dans ces remparts et aux environs les traces des fouilles que l’on a faites pour chercher ces objets.

Plusieurs tombeaux ont été ouverts ; on y a trouvé des objets qui ne laissent, à mon avis, aucun doute sur leurs auteurs et sur l’époque où ils ont été déposés.

Il y a sur la rive septentrionale de la rivière des ouvrages plus vastes encore et plus imposants que ceux que nous venons de citer.

En commençant par le bas-fond près de la rive actuelle du Scioto, qui semble avoir changé un peu son cours depuis que ces fortifications ont été élevées, on voit deux remparts parallèles en terre, semblables à ceux qui se trouvent de l’autre côté de l’Ohio, que nous avons décrits. De la rive du Scioto ils s’étendent vers l’orient, à huit ou dix perches, puis s’élargissent peu à peu, de distance en distance, de la maison de M. John Brown, et s’élèvent à vingt perches. Cette colline est très-escarpée, et peut avoir quarante à cinquante pieds de hauteur ; le plateau offre un terrain uni, fertile, et formé par les alluvions de l’Ohio. On y voit un puits qui peut avoir aujourd’hui vingt-cinq pieds de profondeur ; mais l’immense quantité de cailloux et de sable que l’on trouve après la couche de terreau peut faire juger que l’eau de ce puits étoit jadis de niveau avec la rivière, même dans le temps où ses eaux étoient basses.

Il reste quelques traces de trois tombeaux circulaires élevés de six pieds au-dessus de la plaine, et renfermant chacun près d’un acre. Non loin de là est un ouvrage semblable, mais beaucoup plus élevé, qui peut avoir encore vingt pieds de hauteur perpendiculaire et con-