Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 6.djvu/319

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par les François ; 3o un quartier de la ville ; 4o la maison hors de la ville.

Le tour de Pompeïa est d’environ quatre milles. Quartier des soldats, espèce de cloître autour duquel régnoient quarante-deux chambres ; quelques mots latins estropiés et mal orthographiés barbouillés sur les murs. Près de là étoient des squelettes enchaînés : « Ceux qui étoient autrefois enchaînés ensemble, dit Job, ne souffrent plus, et ils n’entendent plus la voix de l’exacteur. »

Un petit théâtre : vingt-et-un gradins en demi-cercle, les corridors derrière. Un grand théâtre : trois portes pour sortir de la scène dans le fond, et communiquant aux chambres des acteurs. Trois rangs marqués pour les gradins ; celui du bas plus large et en marbre. Les corridors derrière, larges et voûtés.

On entroit par le corridor au haut du théâtre, et l’on descendoit dans la salle par les vomitoires. Six portes s’ouvroient dans ce corridor. Viennent, non loin de là, un portique carré de soixante colonnes, et d’autres colonnes en ligne droite, allant du midi au nord ; dispositions que je n’ai pas bien comprises.

On trouve deux temples : l’un de ces temples offre trois autels et un sanctuaire élevé.

La maison découverte par les François est curieuse : les chambres à coucher, extrêmement exiguës, sont peintes en bleu ou en jaune, et décorées de petits tableaux à fresque. On voit dans ces tableaux un personnage romain, un Apollon jouant de la lyre, des paysages, des perspectives de jardins et de villes. Dans la plus grande chambre de cette maison, une peinture représente Ulysse fuyant les Sirènes : le fils de Laerte, attaché au mât de son vaisseau, écoute trois Sirènes placées sur les rochers ; la première touche la lyre, la seconde sonne une espèce de trompette, la troisième chante.

On entre dans la partie la plus anciennement découverte de Pompeïa par une rue d’environ quinze pieds de large ; des deux côtés sont des trottoirs ; le pavé garde la trace des roues en divers endroits. La rue est bordée de boutiques et de maisons dont le premier étage est tombé. Dans deux de ces maisons se voient les choses suivantes :

Une chambre de chirurgien et une chambre de toilette avec des peintures analogues.

On m’a fait remarquer un moulin à blé et les marques d’un instrument tranchant sur la pierre de la boutique d’un charcutier ou d’un boulanger, je ne sais plus lequel.

La rue conduit à une porte de la cité où l’on a mis à nu une portion des murs d’enceinte. À cette porte commençoit la file des sépulcres qui bordoient le chemin public.