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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 7.djvu/203

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CHAPITRE XXXVII.
PRINCIPES QUE TOUT MINISTRE CONSTITUTIONNEL DOIT ADOPTER.

Quels sont les principes généraux d’après lesquels doivent agir les ministres ?

Le premier, et le plus nécessaire de tous, c’est d’adopter franchement l’ordre politique dans lequel on est placé et de n’en point contrarier la marche, d’en supporter les inconvénients.

Ainsi, par exemple, si les formes constitutionnelles obligent, dans de certains détails, à de certaines longueurs, il ne faut point s’impatienter.

Si l’on est obligé de ménager les chambres, de leur parler avec égard, de se rendre à leurs invitations, il ne faut pas affecter une hauteur déplacée.

Si l’on dit quelque chose de dur à un ministre à la tribune, il ne faut pas jeter tout là et s’imaginer que l’État est en danger.

Si dans un discours il est échappé à un pair, à un député, des expressions étranges, s’il a énoncé des principes inconstitutionnels, il ne faut pas croire qu’il y ait une conspiration secrète contre la Charte, que tout va se perdre, que tout est perdu. Ce sont les inconvénients de la tribune, ils sont sans remède. Lorsque six à sept cents hommes ont le droit de parler, que tout un peuple a celui d’écrire, il faut se résigner à entendre et à lire bien des sottises. Se fâcher contre tout cela seroit d’une pauvre tête ou d’un enfant.

CHAPITRE XXXVIII.
CONTINUATION DU MÊME SUJET.

Le ministère, accoutumé à voir nos dernières constitutions marcher toujours avec l’impiété et s’appuyer sur les doctrines les plus funestes, a cru mal à propos qu’on en vouloit à la Charte lorsqu’en parlant de cette Charte on a aussi parlé de morale et de religion. Comme si la liberté et la religion étoient incompatibles ! comme si toute idée généreuse en politique ne pouvoit pas s’allier avec le respect que l’on doit aux principes de la justice et de la vérité ! Est-ce donc se jeter dans