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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 7.djvu/220

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ment ils en sont encore à ce pitoyable système de fusion et d’amalgame que Buonaparte lui-même n’a pu exécuter avec un bras de fer et six cent mille hommes ; comment ils croient avoir trouvé un moyen de salut quand ils n’emploient qu’un moyen de destruction.

Je ferai toucher au doigt et à l’œil les conséquences terribles du système des intérêts révolutionnaires pris pour base de l’administration ; mais il faut d’abord l’attaquer dans son principe, ainsi que les autres systèmes dérivés de ce système capital.

CHAPITRE XV.
ERREURS DE CEUX QUI SOUTIENNENT LE SYSTÈME DES INTÉRÊTS RÉVOLUTIONNAIRES.

Voici l’erreur de ceux qui veulent gouverner de bonne foi dans le sens des intérêts révolutionnaires : ils confondent les intérêts matériels révolutionnaires et les intérêts moraux de la même espèce. Protégez les premiers ; poursuivez, détruisez, anéantissez les seconds.

J’entends par les intérêts matériels révolutionnaires la possession des biens nationaux, des droits politiques développés par la révolution et consacrés par la Charte.

J’entends par les intérêts moraux, ou plutôt immoraux de la révolution, l’établissement des doctrines antireligieuses et antisociales, la doctrine du gouvernement de fait, en un mot, tout ce qui tend à ériger en dogme, à faire regarder comme indifférents, ou même comme légitimes, le manque de foi, le vol et l’injustice.

CHAPITRE XVI.
CE QU’IL FAUT FAIRE EN ADMETTANT LA DISTINCTION NOTÉE AU PRÉCÉDENT CHAPITRE.

Ainsi, punissez quiconque se porteroit à des voies de fait contre les acquéreurs de biens nationaux ; veillez à la conservation de tous les avantages que la constitution accorde aux diverses classes de citoyens : cette part faite aux intérêts révolutionnaires, c’est une erreur déplorable autant qu’odieuse de se croire obligé de soutenir toutes les opinions impies et sacrilèges nées de la fange de la révolution : c’est prendre pour des intérêts réels des principes destructeurs de toute société humaine.