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Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 7.djvu/228

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sairement celui-ci, savoir, que la chambre actuelle des députés n’a point été élue dans le sens de l'opinion générale. C’est de ce quatrième système qu’est née l’absurdité inconstitutionnelle d’après laquelle on prétend que le ministère n’a pas besoin de la majorité de la chambre. Le mal engendre le mal.

Voici comme on raisonne pour détruire l’objection tirée du royalisme de la chambre des députés :

« L’opinion de la majorité de la chambre des députés ne représente point, dit-on, l’opinion de la majorité de la France. Cette chambre, élue par surprise, fut convoquée au milieu d’une invasion. Dans le trouble et la confusion, les collèges électoraux se sont hâtés de nommer des royalistes, croyant que ceux-ci alloient être tout-puissants, quoique l’opinion de ces collèges fût opposée à la nature des choix mêmes qu’ils faisoient. L’opinion de la majorité des François est précisément celle de la minorité actuelle de la chambre des députés : voilà pourquoi les ministres ont suivi cette minorité, voulant marcher avec la France, et non pas avec une faction. »

CHAPITRE XXV.
RÉFUTATION.

Je vois d’abord dans cet exposé une chose qui, si elle étoit réelle, confirmeroit ce que j’ai avancé plus haut : il est facile de faire des royalistes en France, en supposant qu’il n’y en ait pas.

En effet, des collèges électoraux sont assemblés : dans la simple supposition que les royalistes vont être puissants, que le gouvernement va prendre des mesures en leur faveur, ces collèges nomment sur-le-champ, contre leurs intérêts, leurs penchants et leurs opinions, des députés royalistes ! On est donc bien coupable, je le répète, de ne pas rendre toute la France royaliste, lorsqu’on le peut à si peu de frais, lorsque la moindre influence la détermine à faire aussi promptement ce qu’elle ne veut pas que ce qu’elle veut.

Pour moi, je m’en tiens au positif, et, comme ceux dont je combats le système, je ne veux que des faits.

J’ai eu l’honneur de présider un collège électoral dans une ville dont la garnison étrangère n’étoit séparée de l’armée de la Loire que par un pont. S’il devoit y avoir oppression, confusion, incertitude quelque part, c’étoit certainement là. Je n’ai vu que le calme le plus parfait, que la gaieté même, que l’espérance, l’absence de toutes craintes, que