Page:Chateaubriand - Œuvres complètes, éd. Garnier, 1861, tome 9.djvu/450

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/i36 ÉTUDES HISTORIQUES/

Ce caractère de la poésie héroïque primitive est lo niTMiie parmi tous les pctipies l)arbares ; il se retrouve cliez l’iroquois, qui précéda la société dans les forêts du Canada, comme chez h ; Grec redevenir sauvage , qui survit à la société sur ces montagnes du Pinde où il n’est qu’il a approfondi, et qui nianquoit à la France. Mon travail auroit paru moins aride aux lecteurs si j’avois toujours pu l’enricliir de morceaux pareils à celui qui va terminer cette note. -

« La grande fam.ille des nations germaniques (c’est M. Ampère qui parle) peut b.e diviser en trois branches, la branche gothique, la branche tcutonique , et la branche Scandinave.

<c II ne reste d’autre monument des langues gothiques’ que la traduction de la Bible par Ulphilas. ., ;. . ..’. r

« Un plus ancien monument des langues teutoniques est un fragment épique conservé dans un manuscrit contenant le livre de la Sagesse et quelques autres traitOs religieux. Ce manuscrit, originaire de l’abbaye de Fulde, est maintenant à Cassol, où je l’ai vu. Dans l’intérieur de la couverture, une main inconnue avoit tracé le fragment dont je parle, le tout du vin’ siècle ou do la première moifi(’ ; du ix" *. Les personnages qui paroissent dans ce court morceau, ceux dont on parle, leur situation respective et les événements auxquels il est fait allusion, tout cela appartient à ce grand cycle épique de l’ancienne poésie allemande, dont les Niebclungen et le Livre des He’ros sont des refontes plus modernes. Cette page du manuscrit de Cassel est donc le plus ancien et le plus curieux débris de ce cycle. Il nous intéresse à double titre,’ car ce monument germanique est pour nous un monument national . La langue danslaquelle il est écrit est le haut allemand, dont l’idiome des Francs étoit un dialecte. Ce morceau faisoit probablement partie de ces poëmes barbares, et dcja très-anciens au cnmmenccment du ix« siècle, que Charlemagne avoit fait recueillir et transcrits de sa propre main **,

<( Ce fragment contient le récit d’une rencontre outre deux siuerriers du cycle dont j"ai parlé, le viril Hildebraud et sou tils Hadeliraud. Hiidei)r ;uid l’st l’ami, lenjentor du héros par cNcelleuce, di-. ’["héodoric Selon la légciMie, i^t non pas selon l’histoire, Thcodoric avoit été forcé de laisser son nnauine aux mains d’Hernianric, qui à l’instigation d’Odacre s’en étoit emparé. Le liéros fugitif avoit trouvé un asile chez le roi des Huns, Attila. Ainsi s’étoit groupé, d’une manière fabuleuse, le souvenir de ces quatre noms historiques restés confusément dans la mémoire des peuples. L’usurpateur étant mort, ïhéodoric revenoit dans ses Etats avec le vieil Hildebrand, quand celui-ci rencontre son fils Hadebrand, qui étoit resté à Bern (Vérone). Ils ne se connoissoient ni l’un ni l’autre. Ici commence le fragment, dont le grand style rappelle l’école homérique : leur vêtement de bataille, et par-dessus ceignirent leurs glaives. Comme ils lançaient les chevaux pour le combat, Hildebrand, fils dHerebraud, parla : c’était un

  • G>-imm die Beyden alteslen deulschen gedichle ; Cassel, 1812, p. 35.
    • L’opinion si souvent e’noiicée que Chavleraagne ne savoit pas écrire pourroit bien être une

fable. Voici ce que dit de lui un contemporain : Item barbaia et anliquissima carmina quibus velerum aclus el bella canlabantur scripsit memoriœfjue mandauit. (Egikh., Vita Car. Magni, cap. XXIX.)

  • " Ce mot e-t d’origine genn.mique : il est ici employé dans le texte ( saro). Je l’ai conservé


J’ai ouï dire que se provoquèrent dans une rencontre Hildebrand et Hadebrand, le père et le fils. Alors les héros arrangèrent leur sarrau de guerre, se couvrirent de leurs vêtements de bataille, et par dessus ceignirent leurs glaives. Comme ils lançaient les chevaux pour le combat, Hildebrand, fils d’Herebrand parla : c’était un ne sacliaiit comment le remplacer.