Page:Chateaubriand - Œuvres complètes - Génie du christianisme, 1828.djvu/299

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Chapitre I - Astronomie et Mathématiques

Considérons maintenant les effets du christianisme dans la littérature en général. On peut la classer sous ces trois chefs principaux : philosophie, histoire, éloquence.

Par philosophie nous entendons ici l’étude de toutes espèces de sciences.

On verra qu’en défendant la religion nous n’attaquons point la sagesse : nous sommes loin de confondre la morgue sophistique avec les saines connaissances de l’esprit et du cœur. La vraie philosophie est l’innocence de la vieillesse des peuples, lorsqu’ils ont cessé d’avoir des vertus par instinct et qu’ils n’en ont plus que par raison, cette seconde innocence est moins sûre que la première, mais lorsqu’on y peut atteindre, elle est plus sublime.

De quelque côté qu’on envisage le culte évangélique, on voit qu’il agrandit la pensée et qu’il est propre à l’expansion des sentiments. Dans les sciences, ses dogmes ne s’opposent à aucune vérité naturelle ; sa doctrine ne défend aucune étude. Chez les anciens, un philosophe rencontrait toujours quelque divinité sur sa route ; il était, sous peine de mort ou d’exil, condamné, par les prêtres d’Apollon ou de Jupiter, à être absurde toute sa vie. Mais comme le Dieu des chrétiens ne s’est pas logé à l’étroit dans un soleil, il a livré les astres aux vaines recherches des savants ; il a jeté le monde devant eux comme une pâture pour leurs disputes[1]. Le physicien peut peser l’air dans son tube sans craindre d’offenser Junon. Ce n’est pas des éléments de notre corps, mais des vertus de notre âme, que le souverain Juge nous demandera compte un jour.

Nous savons qu’on ne manquera pas de rappeler quelques bulles

  1. Ecclésiast., III, v. 11 (N.d.A.)