Page:Chateaubriand - Œuvres complètes - Génie du christianisme, 1828.djvu/55

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ières, et qui tient en même temps à quelque chose de céleste. Par là elle dirige nos penchants vers le ciel, en les épurant et les reportant au Créateur ; par là elle nous enseigne cette vérité merveilleuse, que les hommes doivent, pour ainsi dire, s’aimer à travers Dieu, qui spiritualise leur amour et ne laisse que l’immortelle essence, en lui servant de passage.

Mais si la charité est une vertu chrétienne, directement émanée de l’Éternel et de son Verbe, elle est aussi en étroite alliance avec la nature. C’est à cette harmonie continuelle du ciel et de la terre, de Dieu et de l’humanité, qu’on reconnaît le caractère de la vraie religion. Souvent les institutions morales et politiques de l’antiquité sont en contradiction avec les sentiments de l’âme. Le christianisme, au contraire, toujours d’accord avec les cœurs, ne commande point des vertus abstraites et solitaires, mais des vertus tirées de nos besoins et utiles à tous. Il a placé la charité comme un puits d’abondance dans les déserts de la vie. « La charité est patiente, dit l’Apôtre, elle est douce elle ne cherche à surpasser personne, elle n’agit point avec témérité, elle ne s’enfle point.

« Elle n’est point ambitieuse, elle ne suit point ses intérêts, elle ne s’irrite point, elle ne pense point le mal.

« Elle ne se réjouit point dans l’injustice, mais elle se plaît dans la vérité.

« Elle tolère tout, elle croit tout, elle espère tout, elle souffre tout[1]. »


CHAPITRE IV.

Des Lois morales, ou du Décalogue.



Il est humiliant pour notre orgueil de trouver que les maximes de la sagesse humaine peuvent se renfermer dans quelques pages. Et dans ces pages encore, combien d’erreurs ! Les lois de Minos et de Lycurgue ne sont restées debout, après la chute des peuples pour lesquels elles furent érigées, que comme les pyramides des déserts, immortels palais de la mort.

Lois du second Zoroastre.


Le temps sans bornes et incréé est le créateur de tout. La parole fut sa fille ; et de sa fille naquit Orsmus, dieu du bien, et Arimhan, dieu du mal.

  1. S. Paul., ad Corinth., cap. XIII, v. 4 et seq.