Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/159

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AV. J.-C. 845. = 1792. 89

savoir que les hommes parviendront un jour à une pureté inconnue de gouvernement et de mœurs a . Le premier pas à faire vers le système, étoit l'établissement d'une république. Les Jacobins, à qui on ne peut refuser l'affreuse louange d'avoir été conséquents dans leurs principes, avoient aperçu avec génie que le vice radical existoit dans les mœurs, et que dans l'état actuel de la nation françoise, l'inégalité des fortunes, les différences d'opinion, les sentiments religieux, et mille autres obstacles, il étoit absurde de songer à une démocratie sans une révolution complète du côté de la morale b . Où trouver le talisman pour faire disparoître tant d'insurmon- tables difficultés? à Sparte. Quelles mœurs sub- stituera-t-on aux anciennes? celles que Lycurgue mit à la place des antiques désordres de sa pa-

a Le système de perfection n'est faux que pour ce qui regarde les mœurs : il est vrai pour tout ce qui est re- latif à l'intelligence. Nouv. Ed.

b Les Jacobins n' avoient point aperçu tout cela , et ils n' avoient point de génie : je leur prête des idées quand je ne devrois leur accorder que des crimes ; mais les crimes ont eu quelquefois d'immenses résultats. Je mets aussi à tort sur le compte d'une poignée d'hommes sanguinai- res , ce qu'il faut attribuer à la nation : la défense de la patrie. Je fais trop d'honneur à des scélérats, en les as- sociant à une gloire qui suffit à peine pour noyel* dans son éclat leur abominable souvenir. Nouv. Ed.

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