Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/198

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128 REVOLUTIONS ANCIENNES.

Novembre a voit compté sa première journée.

Seul alors, et témoin du déclin de l'année,

Heureux de mon repos, je vivois dans les champs.

Eh! quel poëte épris de leurs tableaux touchants,

Quel sensible mortel, des scènes de l'automne

N'a chéri quelquefois la beauté monotone ?

Oh ! comme avec plaisir, la rêveuse douleur ,

Le soir , foule à pas lents ces vallons sans couleur ,

Cherche les bois jaunis , et se plaît au murmure

Du vent qui fait tomber la dernière verdure !

Ce bruit sourd a pour moi je ne sais quel attrait.

Tout à coup si j'entends s'agiter la forêt ,

D'un ami qui n'est plus la voix long-temps chérie

Me semble murmurer dans la feuille flétrie.

Aussi , c'est dans ces temps, où tout marche au cercueil ,

Que la religion prend un habit de deuil ;

Elle en est plus auguste , et sa grandeur divine

Croît encore à l'aspect de ce monde en ruine.

Ici , se trouve la peinture du prêtre , pasteur vénérable, qui console le vieillard mourant et soulage le pauvre affligé. L'homme juste se rend ensuite au temple. Après un discours analogue à la cérémonie,

Il dit , et prépara l'auguste sacrifice.

Tantôt ses bras tendus montroient le ciel propice ;

Tantôt il adoroit humblement incliné.

O moment solennel! Ce peuple prosterné,

Ce temple dont la mousse a couvert les portiques ,

Ses vieux murs , son jour sombre et ses vitraux gothiques,

Cette lampe d'airain qui, dans l'antiquité,

Symbole du soleil et de l'éternité ,

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