Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/219

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pays. Loin des doux lieux qui l'ont vu naître, avec une mère chérie , un père accablé sous le poids des ans, une jeune épouse et de petits enfants entre ses bras, il erre en mendiant un pain amer dans la terre de l'étranger. Objet du mépris des hommes, une odieuse pauvreté le ronge. Son nom s'avilit; ses formes , jadis si belles , s'altèrent ; une anxiété intolérable , un mal intérieur s'attache à sa poi- trine. Bientôt il perd toute pudeur et son front ne sait plus rougir. Ah ! mourons , s'il le faut , pour notre terre natale ! pour notre famille , pour la li- berté ! Héros dé Sparte , combattons étroitement serrés. Qu'aucun de vous ne se livre à la crainte, ou à la fuite. Prodigues de vos jours , dans une fureur généreuse, précipitez- vous sur l'ennemi. Gardez-vous d'abandonner ces vieillards, ces vété- rans , dont l'âge a roidi les genoux. Quelle honte si le père périssoit plus avant que le fils dans la mêlée , de le voir , avec sa tête chenue , sa barbe blanche , se débattant dans la poussière , et lorsque l'ennemi le dépouille , couvrir encore de ses foibles mains sa nudité sanglante. Ce vieillard est en tout semblable aux jeunes guerriers ; il brille des fleurs de l'adolescence. Vivant, il est adoré des femmes et des hommes ; mort , on lui décerne une couronne. O Spartiates ! marchons donc à l'ennemi. Marchons le pas assuré , chaque héros ferme à son poste et se mordant les lèvres 1 . »

1 Poët. Minor. Graec. , pag. 441.

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