Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/281

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AV. J.-C. 509. = 0L. 67. 211

L'opposition crut avoir remporté un avantage signale sur le ministre, lorsqu'elle eut obtenu le rappel de ce trop fameux impôt ; et il n'est pas moins certain que ce fut ce rappel même , encore

leur pieuse émigration , et Dieu les conduisit au cap Cod, où ils périrent presque tous de faim et de misère. Bientôt après , leurs ennemis mortels , les Catholiques / viennent débarquer auprès d'eux sur les mêmes rivages. U,ne cargaison de graves fous , avec mis chapeaux et des habits sans boutons , descendent en- suite sur les bords de la Delaware , etc. Que devoit penser un Indien regardant, tour à tour, les étranges histrions de cette grande farce tragi-comique que joue sans cesse la société? En voyant des hommes brûler leurs frères dans la Nouvelle-Angle- terre , pour l'amour du ciel ; une autre race en Pensylvanie , faisant profession de se laisser couper la gorge sans se défendre ; une troisième dans le Maryland , accompagnée de prêtres bi- gfurrés , couverts de croix , de grimoires , et professant tolérance universelle; une quatrième en Virginie , avec des esclaves noirs et des docteurs persécuteurs en grandes robes : cet Indien , sans doute , ne pouvoit s'imaginer que ces gens-là venoient d'un même pays? Cependant , tous sortoient de la petite île d'Angle- terre , tous ne formoient qu'une seule et même nation. Quand on songe à la variété et à la complication des maladies qui fer- mentent dans un corps politique , on comprend à peine son existence.

Sur la foi des livres et des intéressés , au seul nom des Améri- cains , nous nous enthousiasmons de ce côté-ci de l'Atlantique. Nos gazettes ne nous parlent que des Romains de Boston et des tyrans de Londres. Moi-même , épris de la même ardeur, lorsque j'arrivai à Philadfelohie , plein de mon Raynal , je demandai en grâce qu'on m?5ûfOntràt un de ces fameux Quakers , a ertueux descendants de Ginllaume Penn. Quelle fut ma surprise quand on me dit que , si je voulois me>faire duper , je n'avois qu'à entrer dans la boutique d'un. Frère; etque sij'étois curieux d'apprendre jusqu'où peut aller l'esprit d'intérêt et d'immoralité mercantile , on me donneroit le spectacle de deux Quakers , désirant acheter

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