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AY. J.-C. 509. = OL. 67. 347

ces inquiétudes , mes amies ! N'est- il pas vrai que j'aurois tort de les avoir * É ?

1 Evandre, acte m, scène v.

a La littérature allemande a réellement quelque res- semblance avec la littérature orientale ; mais il est évi- dent qu'à l'époque où j'analysois Klopstock , je connois- sois peu la première , car comment n'aurois-je pas cité Wiéland , Goethe , etc.? J'ignorois les différentes révo- lutions que les auteurs et la langue germanique avoient rapidement éprouvées, j'en étois encore à Klopstock et à Gessner.

Je ne puis aujourd'hui trouver sublime ce que je re- gardois comme tel dans la composition du Messie. Toutes les fois que l'on sort de la peinture des pas- sions , et que l'on se jette dans les inventions gigantes- ques , rien n'est plus facile que de remuer L'univers : il n'est pas besoin d'avoir du génie. Qu'on arrête les globes dans l'espace , qu'on fasse arriver des comètes , qu'on place dans des mondes divers les morts et les vi- vants , le passé et l'avenir , tout cela n'est qu'une stérile grandeur sans sublimité , une débauche d'imagination qui pourroit être le rêve d'un enfant, un conte de fées. Le morceau de Klopstock que j'ai cité n'offre pas un trait à retenir : l'auteur passe souvent auprès d'une beauté sans l'apercevoir. Quand les deux anges de la mort s'approchent du Christ, qui ne s'attend, par exem- ple, à quelque chose d'extraordinaire? Tout se réduit à des lieux communs sur la mort, et le poète est si em- barrassé de ses anges, qu'il se hâte de le§ rrmoser on ne sait où. Nouv. Ed.

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