Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/75

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NOTICE.

���oRSQUEJe quittai la France j'étois jeune : quatre ans de malheur m'ont vieilli. De- puis quatre ans , retiré à la campagne , sans un ami à consulter , sans personne qui pût m' entendre , le jour travaillant pour vivre , la nuit écrivant ce que le chagrin et la pensée me dictoient, je suis parvenu à crayonner cet Essai. Je n'en ignore pas les défauts : si le moi y revient souvent , c'est que cet ouvrage a d'abord été entrepris pour moi, et pour moi seul. On y voit presque partout un malheureux qui cause avec lui-même ; dont l'esprit erre de sujets en sujets , de souvenirs en souvenirs \ qui n'a point l'intention de faire un livre \ mais tient une espèce de journal régulier de ses excur- sions mentales , un registre de ses sentiments , de ses idées. Le moi se fait remarquer chez tous les auteurs qui, persécutés des hommes, ont passé leur vie loin d'eux. Les Solitaires vivent de leur cœur , comme ces sortes d'animaux qui , faute d'à-

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