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Analyse raisonnée


tements pendant les audiences, de recevoir paroles privées I .ll est défendu de passer ou conseiller au roi aucune lettre contraire aux anciens règlements 2 . Messire Dieu, qui tient sous sa main tous les rois, ne les a establis en terre qiïafin qu’Us gouvernent ensuite duement 1 . On fixe au règne de Philippe V l’époque du droit qui rend le domaine de la couronne inaliénable 4 (1321). Les lois générales prenaient la place des lois privées. Le roi ne pouvait plus acquérir ni vendre , comme les autres possesseurs de grands fiefs ; il sortait du pérage : mis à part de l’aristocratie et de la démocratie, il commençait ce pouvoir inviolable que la liberté lui reconnaît aujourd’hui, pour sa propre garantie et pour le maintien de Tordre. Mais la nation renaissante , en même temps qu’elle élevait la royauté à une hauteur inaccessible, régularisait le mouvement de cette royauté ; et il y avait une loi supérieure à la volonté de la couronne, l’inaliénabilité.

Philippe le Long s’occupa de l’administration ; il régla Ja dépense de sa maison. Il faut prendre garde de confondre les idées par la ressemblance des mots. Les anciens rois n’avaient point de liste civile ; ils vivaient des revenus de leurs domaines : quand ils administraient leur maison , ils administraient de fait les revenus de la couronne ; l’impôt, qui avait toujours une destination spéciale , était applicable aux lieux où il était levé , et ne tombait dans les coffres du roi que par abus. Toutes ces grandes charges , aujourd’hui antiquailles de la royauté , qui n’ont plus de place dans la constitution de l’État, qui coûtent beaucoup et ne sont bonnes à rien , étaient , dans l’origine , des places administratives. Le maître de l’écurie du roi devint, sous Philippe V, premier écuyer du corps ; il se changea en grand écuver sens Louis XL Philippe établit des capitaines généraux dans les grandes villes ; le système d’élection prévalait toujours , et ces capitaines étaient élus par le conseil des prud’hommes. Enfin , Philippe avait songé à établir l’égalité des poids et me- 1 Ordonn des Rois, tom. l, pag. 673, 702, 729. 2 Ilnd., pag. 672, 673.

3 lbid. pag. 669.

  • Ibid., pag. 765.