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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la table de mon père. Les plaisanteries de ces étrangers me déplaisaient ; leurs promenades troublaient la paix de mes bois. C’est pour avoir vu le colonel en second du régiment de Conti, le marquis de Wignacourt[1], galoper sous des arbres, que des idées de voyage me passèrent pour la première fois par la tête.

Quand j’entendais nos hôtes parler de Paris et de la cour, je devenais triste ; je cherchais à deviner ce que c’était que la société : je découvrais quelque chose de confus et de lointain ; mais bientôt je me troublais. Des tranquilles régions de l’innocence, en jetant les yeux

    les lignes suivantes du Manuscrit de 1826, écrites au lendemain de l’ordonnance du 5 septembre 1816, qui prononçait la dissolution de la Chambre introuvable : « J’ai éprouvé un sensible plaisir en retrouvant ce dernier, distingué par ses vertus chrétiennes, dans cette chambre des députés qui fera à jamais l’honneur et les regrets de la France, quand le temps des factions sera passé et celui de la justice venu ; dans cette Chambre que la Providence avait envoyée pour sauver la France et l’Europe, qui n’a pu être cassée que par un véritable crime politique, et dont la gloire survivra à la renommée des misérables ministres qui s’en firent les persécuteurs. » — Causans de Maulèon (Jacques Vincent, marquis de), né le 31 juillet 1751, était colonel du régiment de Conti, lorsqu’il fut élu député de la noblesse aux États-Généraux pour la principauté d’Orange. Le 17 avril 1790, il fut promu maréchal de camp. La Restauration le nomma lieutenant-général le 23 août 1814. Élu député de Vaucluse à la Chambre introuvable, le 24 août 1815 ; réélu le 4 octobre 1816 ; éliminé au renouvellement par cinquième de 1819, renvoyé à la Chambre des députés le 24 avril 1820, il y siégea jusqu’à sa mort, arrivée le 24 avril 1824.

  1. Wignacourt (Antoine-Louis, marquis de), fils de Louis-Daniel, marquis de Wignacourt, et de Marie-Julie de Maizières, né le 22 janvier 1753. Il est porté sur l’État militaire de la France pour 1784 comme mestre de camp lieutenant-colonel en second du régiment de Conti, chevalier de Saint-Louis.