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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tures. Le prêtre, en chaire, évitait le nom de Jésus-Christ et ne parlait que du législateur des chrétiens ; les ministres tombaient les uns sur les autres ; le pouvoir glissait de toutes les mains. Le suprême bon ton était d’être Américain à la ville, Anglais à la cour, Prussien à l’armée ; d’être tout, excepté Français. Ce que l’on faisait, ce que l’on disait, n’était qu’une suite d’inconséquences. On prétendait garder des abbés commendataires, et l’on ne voulait point de religion ; nul ne pouvait être officier s’il n’était gentilhomme, et l’on déblatérait contre la noblesse ; on introduisait l’égalité dans les salons et les coups de bâton dans les camps.

M. de Malesherbes avait trois filles[1], mesdames de Rosanbo, d’Aulnay, de Montboissier : il aimait de préférence madame de Rosanbo, à cause de la ressemblance de ses opinions avec les siennes. Le président de Rosanbo avait également trois filles, mesdames de Chateaubriand, d’Aunay, de Tocqueville[2], et un fils

  1. Il doit y avoir là une erreur de plume. Malesherbes n’a eu que deux filles : Marie-Thérèse, née le 6 février 1756, mariée le 30 mai 1769 à Louis Le Peletier, seigneur de Rosanbo ; — Françoise-Pauline, née le 15 juillet 1758, mariée le 22 janvier 1775 à Charles-Philippe-Simon de Montboissier-Beaufort-Canillac, mestre de camp du régiment d’Orléans dragons.
  2. Les trois filles du président de Rosanbo épousèrent le frère de Chateaubriand, le comte Lepelletier d’Aunay et le comte de Tocqueville. Né le 3 août 1772, d’abord sous-lieutenant au régiment de Vexin, puis soldat dans la garde constitutionnelle de Louis XVI, M. de Tocqueville quitta la France pendant la période révolutionnaire. Sous la Restauration, il administra successivement, comme préfet, les départements de Maine-et-Loire, de l’Oise, de la Côte-d’Or, de la Moselle, de la Somme et de Seine-et-Oise. Charles X le nomma gentilhomme de la Chambre et pair de France (5 septembre 1827). Il fut exclu de la Cham-