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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

cherche ; lady Jersey[1] m’attend à dîner avec M. Brougham[2], lady Gwydir m’espère, à dix heures, dans sa loge à l’Opéra ; lady Mansfield[3], à minuit, à Almack’s[4].

    plaça au foreign-office et devint le chef du cabinet à la fin d’avril 1827, quand lord Liverpool fut frappé d’apoplexie. Canning mourut moins de quatre mois après, le 8 août 1827.

  1. Sarah, fille aînée du 10e comte de Westmoreland et héritière de son grand-père maternel, le très riche banquier Robert Child, était en 1822 une des reines du monde élégant de Londres. Son mari, lord Jersey, un type accompli de grand seigneur, a rempli à plusieurs reprises des charges de cour. Lady Jersey est morte en 1867, à l’âge de quatre-vingts ans, ayant survécu à son mari et à tous ses enfants. Une de ses filles, lady Clementina, morte sans être mariée, avait inspiré une vive passion au prince Louis-Napoléon, qui n’avait été détourné de demander sa main que par l’aversion que lui témoignait lady Jersey.
  2. Henry, 1er baron Brougham et de Vaux, né à Edimbourg en 1778, mort le 9 mai 1868 à Cannes, où il avait fini par fixer sa résidence. L’extraordinaire talent qu’il avait déployé dans le procès de la reine Caroline, comme avocat de la princesse, avait fait de lui un des personnages les plus célèbres de l’Angleterre.
  3. Lady Mansfield, une des rares dames anglaises qui aient hérité directement de la pairie. Les lettres patentes qui avaient créé son oncle, William Murray, Grand-Juge d’Angleterre, comte de Mansfield, stipulaient que le titre serait reversible sur la tête de sa nièce Louise. Elle en hérita, en effet, en 1793. La comtesse de Mansfield avait épousé en 1776 son cousin, le 7e vicomte Stormont, de qui elle eut plusieurs enfants, entr’autres un fils qui lui succéda comme 3e comte Mansfield. Devenue veuve, elle se remaria en 1797 avec l’honorable Robert Fulke Greville. Son titre étant supérieur à celui de l’un ou de l’autre de ses maris, suivant la coutume anglaise elle ne prit pas leur nom, mais était toujours appelée la comtesse de Mansfield. Elle mourut en 1843, après avoir occupé une place brillante dans la société de Londres.
  4. On appelait ainsi une suite de salons servant à des concerts, à des bals et autres réunions de ce genre. Ils tiraient leur nom d’un certain Almack, ancien cabaretier, qui les fit construire, en 1765, dans King street, Saint-James. Plus tard ces salons furent connus sous la désignation de Willis’ Rooms. Le nom d’Almack’s est surtout associé au souvenir des bals élégants qui s’y donnèrent depuis 1765 jusqu’en 1840. Ces fêtes étaient