Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t2.djvu/453

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
423
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE
Paris, ce 10 novembre 1823.
« Monsieur le vicomte,

« Veuillez agréer un exemplaire de ma publication relative à l’assassinat du duc d’Enghien.

« Il y a longtemps qu’elle eût paru, si je n’avais voulu, avant tout, respecter la volonté de monseigneur le duc de Bourbon, qui, ayant eu connaissance de mon travail, m’avait fait exprimer son désir que cette déplorable affaire ne fût point exhumée.

« Mais la Providence ayant permis que d’autres prissent l’initiative, il est devenu nécessaire de faire connaître la vérité, et, après m’être assuré qu’on ne persistait plus à me faire garder le silence, j’ai parlé avec franchise et sincérité.

« J’ai l’honneur d’être avec un profond respect,

« Monsieur le vicomte,
« De Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur,
« Dupin. »

M. Dupin, que je félicitai et remerciai, révèle dans sa lettre d’envoi un trait ignoré et touchant des nobles et miséricordieuses vertus du père de la victime. M. Dupin commence ainsi sa brochure :

« La mort de l’infortuné duc d’Enghien est un des événements qui ont le plus affligé la nation française : il a déshonoré le gouvernement consulaire.

« Un jeune prince, à la fleur de l’âge, surpris par trahison sur un sol étranger, où il dormait en paix