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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Ce mariage du 19 mars, célébré publiquement, régulièrement, après la publication des bans, après deux décrets émanés de la justice de paix, exclut nécessairement le prétendu mariage au pistolet et à la minute de l’oncle Buisson.

Mais il y a plus. Cet oncle Buisson, « le riche négociant de Lorient », n’a jamais existé. La famille de La Vigne n’a jamais entendu parler de lui, ni de son voyage à Saint-Malo, ni de ce mariage à main armée[1].


III

fontanes et chateaubriand[2].


Voici la réponse de Chateaubriand à la lettre de Fontanes qu’on a lue dans le texte des Mémoires :

15 août 1798 (v. s.).

Je ne puis vous dire tout le plaisir que j’ai éprouvé en recevant votre lettre. Il a été en proportion de la solitude de ma vie et des longues heures que je passe avec moi-même ; vous sentez combien les marques du souvenir d’un ami de votre espèce doivent être chères alors. Si je suis la seconde personne à laquelle vous avez trouvé quelques rapports d’âme avec vous, vous êtes la première qui ayez rempli toutes les conditions que je cherchais dans un homme : tête, cœur, caractère, j’ai tout trouvé en vous à ma guise, et je sens que désormais je vous suis attaché pour la vie. Il ne me manque plus que de connaître l’ami dont vous m’avez fait un si grand éloge[3], pour vous connaître dans toutes les parties de votre existence.

J’ai appris avec une grande et vraie joie vos heureux travaux au bord de l’Elbe. Vous possédez, sans aucun doute, le plus beau talent de la France, et il est bien malheureux que votre

  1. Voir le premier chapitre du très intéressant volume de M. Chédieu de Robethon sur Chateaubriand et Madame de Custine (1893).
  2. Ci-dessus, p. 175.
  3. Joubert.