Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t2.djvu/592

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
562
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

des émigrés). On dit que cela est fort aisé ; je compte sur votre crédit, votre amitié et votre zèle. Si vous mettez de la promptitude dans vos démarches, si je puis compter sur un libraire en arrivant, je serai au village dans le commencement d’avril.

Du B… vous dira que j’amène avec moi quelqu’un que vous connaissez et qui vous aime presque autant que moi[1]. Peut-être même cette personne me devancera-t-elle. Elle compte bien vous gronder pour votre paresse envers vos amis.

Écrivez-moi sur le champ un petit mot ; notre ami du B… se chargera de me le faire passer. J’espère que nous nous connaîtrons un jour davantage, et que vous vous repentirez de m’avoir traité si froidement. Mille et mille bénédictions, mon cher et admirable ami ; puissé-je vous voir bientôt et vous dire combien je vous suis sincèrement et tendrement attaché. Rappelez-moi donc vite sous l’influence de cette belle muse dont la mienne a un si grand besoin pour se réchauffer. Souvenez-vous que vous m’avez écrit que vous ne seriez heureux que lorsque vous m’auriez préparé une ruche et des fleurs à côté des vôtres[2].


En débarquant à Calais, le 8 mai 1800, Chateaubriand écrivit à Fontanes ce petit mot :

Calais, 18 floréal an VIII (8 mai 1800).

J’arrive, mon cher et aimable ami, Mme Jacquet[3] veut bien me donner une place dans sa voiture. Je descendrai chez vous, et je vous prie de me chercher un logement tout près du vôtre. Nous serons à Paris le 10.

Tâchez de redoubler d’amitié pour moi, car j’aurai bien besoin de vous, et je vais vous mettre à de rudes épreuves. Annoncez-moi à Mme F[ontanes] et réclamez pour moi ses bontés.

J’ai bien changé, mon cher ami, depuis que j’ai quitté la Suisse, pour voyager chez les Natchez, et vous aurez peine à me reconnaître. Je vous embrasse tendrement.

La Sagne[4].
  1. Lamoignon.
  2. Bibliothèque de Genève — Original autographe sans suscription.
  3. Sans doute Mme Lindsay, et non Mme d’Aguesseau, comme le dit Villemain. Voir ci-dessus, page 220 des Mémoires.
  4. Bibliothèque de Genève. — Original autogr