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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

semble bien que cet épisode est tout à l’honneur de Chateaubriand.


Nous ne sommes encore qu’en 1804. Mme  de Custine ne mourra que vingt-deux ans plus tard. Jusqu’à la fin, la correspondance publiée par M. de Robethon le démontre, Chateaubriand resta son ami.

Pendant son ambassade à Londres, en 1822, le fils de Mme  de Custine, Astolphe, vint en Angleterre : « Une fois à son poste, dit M. Bardoux, il (Chateaubriand) n’écrivait plus ; et Astolphe alla passer quelques jours en Angleterre pour rapporter de ses nouvelles. » Cela encore n’est point exact. Il ne s’agissait point d’une simple course à Londres pour que le fils rapportât à sa mère des nouvelles de l’ambassadeur trop lent à écrire, mais d’un voyage en Angleterre et en Écosse, qui dura plus de deux mois, du 26 juillet au 30 septembre. Du 26 juillet au 8 septembre, époque à laquelle Chateaubriand quitta Londres pour se rendre au Congrès de Vérone, très nombreuses sont ses lettres à Mme  de Custine, et toutes témoignent de sa sollicitude pour le fils de son amie.

De retour à Paris, Chateaubriand reprit ses relations assidues avec Mme  de Custine, qui, comptant avec raison sur son dévouement et sur le crédit qu’elle-même possédait à la cour, entreprit alors de faire de son fils un pair de France, ou tout au moins, s’il n’était pas possible d’atteindre immédiatement à ce rang élevé, de lui créer des titres par de hautes fonctions diplomatiques. Chateaubriand approuva ces projets, et peut-être en fut-il l’inspirateur.

Quand il arriva au ministère avec M. de Villèle, au mois de décembre 1822, la confiance de Mme  de Custine dans le succès de ses espérances s’en accrut encore. Renonçant pour Astolphe à cette sorte de stage dans la diplomatie qui, une première fois du reste, lui avait assez mal réussi,